Promulgation d’une ordonnance présidentielle de reconduction du programme STAREC : bilan et attentes des populations de l’Est de la RD Congo et de tous les Congolais

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Promulgation d’une ordonnance présidentielle de reconduction du programme STAREC : bilan et attentes des populations de l’Est de la RD Congo et de tous les Congolais


En ce 14 mai 2014, le Président Joseph KABILA vient de promulguer pour reconduction l’ « Ordonnance n° 14/014 du 14 mai 2014 modifiant et complétant l’ordonnance n° 09/051 du 29 juin 2009 portant institution, organisation et fonctionnement d’un programme de stabilisation et de reconstruction des zones sortant des conflits armes, dénommé « STAREC ».

 

Il est important que toutes les organisations de la Société Civile, les Administrations publiques et tous les acteurs de développement comme les Bâtisseurs de la paix le sachent en vue de donner de la voix pour l’efficacité de cette institution qui a mission de reconstruction de notre pays.

 

D’après cette ordonnance, le programme STAREC ne se focalise plus uniquement sur les Provinces de l’Est du pays, il concerne désormais toute la République Démocratique du Congo. Il faut bien entendu reconnaitre qu’en termes de développement, tout le pays a constitué un « trou noir » en Afrique Centrale de 1960 à 2003. Le retard de développement et le manque de vision de la classe politique congolaise ayant constitué un argument de taille des tenants de la balkanisation, le temps est propice pour que les Congolais démontrent l’amour pour leur peuple et la nation.

 

Objectif exprime du Programme STAREC

 

L’Article 5 de l’Ordonnance stipule : « Le Programme STAREC a pour objectif de stabiliser la République Démocratique du Congo ». Le même article donne des détails sur le contenu de la reconstruction attendue en ces termes :

 

  1. La restauration de l’autorité de l’Etat dans les zones autrefois contrôlées par les groupes armés et l’amélioration de l’environnement sécuritaire ;
  2. Les actions humanitaires et sociales, parmi lesquelles la facilitation du retour et la réintégration des personnes déplacées et réfugiées ;
  3. La protection civile et la lutte contre les violences sexuelles.
  4. L’articulation entre le DDR III et le relèvement communautaire ;
  5. La reconstruction socioéconomique et le développement des infrastructures routières, aéroportuaires, portuaires, sanitaires, scolaires et d’habitat ;
  6. La relance des activités agricoles et de l’électrification rurale en vue de la promotion de la micro-industrie, la micro-finance, la formation professionnelle, les projets régionaux intégrateurs,…
  7. L’amélioration de la gouvernance dans les zones post-conflits, dans les secteurs notamment administratif et politique, judiciaire, économique et de l’éthique publique.

 

Brève évaluation du programme

 

La lecture du programme donne bonne impression d’une écoute attentive des besoins des peuples Congolais et des différentes régions géographiques du pays par les concepteurs. Mais il faut bien relever le caractère « Up down Planning » : STAREC est planifié d’en haut et ne donne pas de précision sur une quelconque approche consultative des Communautés bénéficiaires.

 

Ce manquement d’orientation dans l’approche sera la cause de son échec ; il est grand temps que cde programme soit pourvu d’une approche claire. Le contrôle et l’évaluation seront-ils l’apanage exclusif du Gouvernement central et du Parlement ? Quelle place dans la planification et le suivi sont réservés aux Communautés ?

A y bien penser, c’est aussi ce facteur trop dirigiste qui est à la base de l’échec de la première phase. Sur ce plan, l’élargissement du rayon d’action n’ajoutera rien de qualitatif, car nous pouvons même affirmer sans ambages que les Provinces de l’Ouest ont mieux profiter des actions des Gouvernements qui se sont succédés depuis Gizenga I à l’actuel Gouvernement Matata Ponyo en passant par Muzito.

 

Un autre côté faible, c’est qu’en considérant toute l’étendue de la République comme le rayon d’action de STAREC, le Citoyen Congolais ne saura plus différentier l’action du Gouvernement des acquis de ce programme. Néanmoins, dans son esprit, il pose la question d’un « Plan Marshall » de reconstruction de la République Démocratique du Congo, idée qui semble ne pas faire bonne route dans l’imaginaire des politiciens Congolais qui n’auraient d’oreille que pour des actions « Made Cabinet du parti » en lieu et place d’un Programme National concerté entre les différents acteurs pour la Reconstruction sur lequel les Citoyens coteraient la part de réalisation ou de prise en compte par les gouvernement successifs. Il y a la une faiblesse de vision commune des acteurs aux commandes de ce pays ! Pourtant, des occasions comme les « Concertations Nationales » pourraient bien constituer la base d’élaboration d’un tel Plan ! On tourne autour du pont au lieu de relier d’un fil conducteur toutes ces opportunités.

 

Voilà pourquoi, la première phase n’a rien fait dans la reconstruction socioéconomique, la bonne gouvernance et la rénovation des infrastructures à l’est du pays ; les acteurs, et toujours les mêmes (PNUD, …), se sont tous embourbés dans la lutte contre les violences sexuelles, oubliant qu’il y a la plutôt des actions sur les feuilles (conséquences) de l’arbre à problèmes. Heureusement que les opérations contre les M23 et les ADF ont été plus réalistes en termes de protection civile ; la reconstruction sociale va suivre avec les acteurs locaux et nationaux.

 

Considération sur l’avenir du programme

 

Nous concluons notre mot sur l’appel au Gouvernement de traduire ce programme en véritable « Plan Marshall de reconstruction » de la RD Congo. En ce sens, nous attendons de STAREC :

  • qu’il soit plus participatif en intégrant d’abord et surtout la Bonne Gouvernance à travers l’effectivité de l’opérationnalisation de la décentralisation ;
  • que ses Animateurs n’oublient pas que rien n’a encore été fait dans les Provinces de l’Est du pays ;
  • qu’il lance des infrastructures de réunification du pays et d’intégration sous régionale comme des routes asphaltées reliant le Nord, le Sud Kivu et le Katanga au Maniema, aux deux Kassaïs et à Kinshasa ou encore des routes asphaltées reliant Mbandaka à Bandundu, à Bangui et Brazzaville, etc. Il est urgent que le Katanga soit relié à Kinshasa par une autoroute. Si Possible avant 2018. Et pour cela, seul un Plan Marshall bien négocié avec les Institutions de Bretton Woods et les puissances peut le permettre.

 

Enfin, puissent les autorités au pouvoir comprendre qu’un tel programme ne peut être l’action d’une majorité au pouvoir, mais plutôt tout faire pour qu’il sollicite le savoir-faire de tous les Citoyens ou de toute la classe politique. Telles sont les conditions qui permettront à STAREC d’assurer ou de contribuer à la triple thérapie post conflit pour la paix durable : reconstruction physique et sociale (infrastructure et justice), reconstruction psychologique (guérison des traumatismes) et reconstruction sociale (créer des relations).

 

Ainsi fait à Butembo, le 26 mai 2014

 Moise KAMBERE KAYITAMBYA

Secrétaire Permanent du GADHOP

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