Nord Kivu : l’activisme des groupes armés a asphyxié la population et privé à nombreux enfants l’éducation durant cette année scolaire 2016-2017

Hutte des déplacés cachés en foret. Photo GADHOP
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L’année scolaire 2016-2017 se termine en début juillet 2017 sur toute l’étendue de la RDC, mais dans plusieurs villages des groupements Manzia, Muhola, Mwenye, Malio, Bapukara et Bapaitumba entre le Territoires de Beni et Lubero, l’année scolaire a été perturbée par des affrontements entre plusieurs groupes rebelles. L’année a été gâchée pour plusieurs centaines d’enfants de ces villages dont les parents sont déjà appauvris par la récurrence des conflits armés.

Entre les mois d’octobre et décembre 2016, des violents affrontements opposaient vers le Nord Ouest du Territoire de Lubero,  les miliciens MaiMai Nduma Defense of Congo, NDC, aile Guidon aux FDLR, les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda. En l’espace de 2 mois, les miliciens NDC Guidon ont réussi à prendre le contrôle de plusieurs bastions des FDLR dans le Secteur des Bapere et autour de l’ouest de la Chefferie des Baswagha en Territoire de Lubero.  Ainsi les villages de Itika, Mukiki, Fungula Macho, etc jadis occupés par les FDLR ont connus des semaines de calamité humanitaire suite à ces affrontements qui se sont soldés par l’hégémonie des miliciens NDC. Le groupement Bapukara qui était entièrement occupé par les FDLR  dans son Quartier Général à Fungula Macho, a été déserté par la population et son chef de Groupement Monsieur Kisuba Businge TSATSA  forcé à l’exile à Manguredjipa. Depuis, cette zone minière est ainsi passé sous contrôle des Nduma Defense of Congo. Riches en coltan, or et bois, ces zones minières ont été désertées momentanément par leurs habitants fuyant les atrocités qui s’en sont suivies. Cette situation s’est étendue sur d’autres villages de la zone notamment. Katricoise, Makoba, Matuna,  Mayeba, Mambu  situés à environs 30 km au Sud Est de Njiapanda.

Une milice sur le dos de la population avec taxes et amendes illégales

Après avoir obtenu l’anéantissement des FDLR, la milice de NDC a constitué depuis  décembre 2016 une coalition tacite avec d’autres miliciens à savoir les Mai Mai KILALO, BARAKA, MAZEMBE et FOUDRE qui eux occupaient l’extrême Nord ouest du Territoire de Lubero, avec une extension de contrôle dans plusieurs villages du Territoire de Beni notamment Vurondo, Kahamba, Rwahwa etc. Cependant les NDC maintiendront leur contrôle exclusif des villages de  KATRIKOISE, LUTINA, ROBINET, KASIMBA et les environs de MAYIBA jusqu’en ces jours de publication de cet article. Ces villages sont réputés difficiles d’accès pour se mettre à l’abri des attaques des FARDC mais riches en minerais, aux terres fertiles et densément peuplés vers Mayiba, Mambu et à hauteur de Vuyinga par des agriculteurs de manioc, riz, haricot, bananes, soja, maïs, etc.  

Seulement quelques jours après s’être installés dans ces villages, ces miliciens ont imposé une taxe à toute personne adulte entre 500 et 1000 FRANCS CONGOLAIS payables chaque mois, pour une population au revenu très faible et ne dépendant que des activités champêtres du reste paralysées par l’insécurité.  On estime entre 10 mille et 20 mille dollars américains,  le montant récolté par les miliciens grâce à cette stratégie qui leur permet de payer les combattants et faire fonctionner le mouvement.  Asphyxiée par ces taxes illégales et autres exactions, les populations civiles ont tenté de fuir pour se mettre à l’abris vers les villages de Mataba, Kyanganda, Biambwe, Mambembe, Manguredjipa, Lubero, Muhangi, Kimbulu, Balongo etc sans assistance suffisante.

Des populations privées de leurs droits

Enfants forcés à déserter de leurs écoles, déplacés sans assistance humanitaire, crimes impunis, violences sexuelles non dénoncées par crainte de représailles, c’est le tableau sombre que présente la zone occupée par les miliciens Nduma Defense Of Congo depuis bientôt 8 mois, l’équivalent d’une année scolaire dans le Nord Ouest du Territoire de Lubero au Nord Kivu. Certains résistants qui osent lever la tête dans cette zone contre les pratiques des miliciens sont soit tués, violés ou fouettés copieusement en violation de la dignité dont l’homme est reconnu. Depuis décembre 2016, environs 20 cas d’exécutions sommaires par les miliciens  ont été rapportés dans la zone, près de 50 cas de violences sexuelles  et autres violations des droits humains.

 L’accès des déplacés aux soins est un calvaire dans cette zone difficile d’accès. Des cas de déplacés décédés en milieu de refuge par manque des soins font légion, le cas d’un Chef de Localité décédé à l’Hôpital de Mamboa après parcouru une longue distance à pieds, fuyant les exactions des miliciens. Ces miliciens auraient imposé à chaque chef terrien une redevance d’une chèvre chaque mois pour leur restauration, un poids difficile à supporter pour nombreux chefs qui du coup, choisissent la fuite. Toute fois entre mars et mai 2017, près de 130 déplacés  malade ont reçu des soins au centre de santé SOMEA vers Mambu et au poste de santé Tulizeni vers  Kyanganda. Ces structures peu équipées ne peuvent satisfaire aux besoins des centaines si pas de milliers des déplacés qui y affluent. Bref, les déplacés regroupés sur plusieurs axes non exhaustifs ici ont besoin des médicaments, nourritures et autres subsides dans leurs familles d’accueil. Rien que pour le village de Kyanganda, au mois d’avril 2017, l’on estimait  entre 2 et 5 personnes déplacées en moyenne accueillies dans chaque ménage.

Les écoles paralysées par l’activisme des miliciens Nduma Defense of Congo

Sur l’axe Kyanganda Mayiba et Buyinga les écoles dont les activités ont été sérieusement perturbées et en certains cas, des documents scolaires détruits, vitres cassées et portes forcés par les miliciens, allant jusqu’à la fermeture de ces écoles sont notamment des institutions primaires et secondaires dont on peut citer :

  • EP Naasinga qui aurait connu la présence de quelque milice au mois d’avril qui ont violé une fille de 5e année primaire pendant les heures de cours et quelque enseignant ont été tabassés.
  • EP Mayiba
  • Ep Masoyi
  • EP Miguna
  • Institut Mayiba
  • EP Katanga
  • Institut katanga et autre vers Vuyinga

Des autorités qui s’acharnent contre les responsables scolaires

Malgré ce climat sécuritaire délicat dans le quel travaille le personne enseignant : foueté par les miliciens et parfois enlevés dans cette zone, le harcèlement ne manque pas contre les autorités scolaires du coté des responsables des services de sécurité congolais. Un agent de la Sous Inspection de l’Education de Njiapanda a été détenu par l’Agence Nationale de Renseignement, ANR Manguredjipa au mi mai 2017, pour accusations non prouvées de collaboration avec les miliciens Nduma Defense of Congo. Pourtant, cet agent venait de mener une mission d’inspection dans la zone occupée par les miliciens, dans l’optique de sensibiliser ces miliciens au respect du Droits International Humanitaire qui garantis l’inviolabilité des écoles en période des conflits armés. L’agent a été contraint au payement d’une amende de 200 dollars américains dont 100 ont été payés comme condition à sa libération avec engagement écrit de payer les 100 autres restant. Sa hiérarchie qui voulait intervenir pour plaider sa cause a aussi été menacée et le Chef d’antenne de l’ANR Manguredjipa en personne a mené une descente punitive au bureau de l’Inspection de l’Education au cours de la quelle descente, il a proféré des menaces sérieuses aux agents de l’Inspection de l’Education et a emporté de la table de l’Inspecteur une somme estimée à 60 mille francs congolais.

Le GADHOP interpelle tous les acteurs, chacun à son niveau à apporter sa contribution pour redonner aux populations du Nord Ouest du Territoire de Lubero leurs droits à une vie de quiétude dans leurs champs, écoles, églises et ménages. C’est ici l’occasion de rappeler et encourager l’armée à poursuivre sa traque contre tous les groupes armés sans discrimination aucune afin d’assurer l’intégrité du territoire national de la RDC.

GADHOP

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