Nord Kivu, Fin de la guerre contre le M23, des cités du Sud Lubero vers un boum économique

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Dans la cité de Kirumba, la plus grande cité du Territoire de Lubero, des chantiers voient le jour de partout. Stations pétrolières, hôtels et restaurants de classe sortent des terres de cette cité qui souffle d’un ouf, 6 mois presqu’après le démantèlement de la rébellion du M23.

 

Pour la première fois depuis la création du monde, des stations pétrolières ont vu le jour dans la cité de Kirumba pour faire face à la forte demande en consommation dans cette agglomération située en cheval entre la ville de Butembo et Goma sur la Route Nationale numéro 2 mais aussi donnant sur les zones minières de l’Ouest Lubero et Est Walikale. Selon Joël LUHOLU, Chef de Cité de Kirumba, la cité était comme étouffée par l’occupation des territoires de Rutsuru et Nyiragongo par le M23 et leurs alliés. A cette époque, passer par les zones occupées par ces rebelles c’était comme aller d’un pays à un autre et cela influait négativement sur les prix des produits, rendant la vie très chère et les investissements impossibles dans les cités proches des territoires occupés. Pour le moment, explique le Chef de Cité, même si l’agglomération manque des moyens administrarifs, les autorités initient les citoyens aux travaux communautaires pour urbaniser la cité. En effet, Kirumba, Kayina, Mighobwe sont annoncées comme futures agglomérations qui vont former la ville dite de Luholu, qui sera ainsi la première ville du Sud du Territoire de Lubero. Tracer les rues et avenues se trouve être parmi les priorités du Chef de cette cité.

 

Un véritable boum économique

En l’espace de quelques jours, deux stations de carburants sont sorties des terres de Kirumba, un hôtel standing-moyenne classe, plus de 5 bâtiments commerciaux communément appelées galeries sont en pleine construction pour des capacités de plus de 3O chambres de négoce pour chaque chantier. « Investir en cité de Kirumba c’est désormais faire un bon choix car toutes les conditions sont réussies, les infrastructures sont déjà là», nous a confié une source proche de la Fédération des Entreprises du Congo, FEC Kirumba. Selon cette source, avant la fin de la guerre du M23, plusieurs craignaient d’investir dans cette partie du Nord Kivu faute de sécurité de leurs investissements. Les belligérants se ruaient sur la cité après leur débâcle. « Nous avons vécus plus 10 pillages systématiques dans la cité depuis 1996, aux premières heures de la guerre dite de libération», se souvient pour sa part Jackson Muhanya, vendeurs d’unités de téléphone au Parking Kirumba.

Mais voilà, à compter d’une année passée seulement, les choses changent. Depuis que les FARDC ont maintenue la ligne rebelle au-delà de Kanyabayonga, la cité de Kirumba a soufflé un peu mais davantage après le démentiellement du M23. « Nous n’avons plus peur d’investir. Nous ne pensons plus à des pillages comme avant », nous a confié un opérateur économique de grand renom à Kirumba qui a voulu garder l’anonymat. L’essor économique que vit actuellement Kirumba bénéficie aussi surtout aux hôteliers et aux tenanciers de restaurants. Kambale Jerry gérant de l’Hôtel Kisero, en plein cœur de la cité, se réjouit que dans le temps l’hôtel accueillait généralement peu des clients et les humanitaires en majorité. En ce jour, de moins à moins d’humanitaires mais beaucoup plus, des opérateurs de divers domaines : journalistes, commerçants, agents de carrières publiques etc. Cependant pour Kasereka Juhudi, vendeur au Restaurant Deux Coqs dont le patron a même dû ajouter des chambres pour loger les clients, la paix a permis à sa clientèle d’accroitre. Il souhaite que cela continue et s’améliore.

 

Il y a encore quelques défis à relever

 

La cité de Kirumba, forte d’environs 100 mille âmes, selon son chef de cité, fait face aux défis urbanistiques. Pas d’espaces pour des infrastructures comme hôpitaux, stades de foot bal, les routes sont inexistantes et il faut ajouter à cela le relief fort montagneux qui caractérise le milieu. En outre, la routé qui traverse la cité est impraticable. De Butembo à Goma en passant par Kirumba, c’est un calvaire. Route à terre battue jusqu’à la sortie de Kanyabayonga-Rutsuru, elle est peu et mal entretenue laissant la place aux nids de poule et aux accidents. Entre les localités d’Alimbongo et la cité de Kanyabayonga, il n’ya pas un seul cantonnier sur la route. Depuis début mai, la Société Civile Lubero a lancé un mouvement de grève pour obliger au Fond National d’Entretien des Route FONER à s’investir dans la réhabilitation de cette route d’intérêt national, mais jusque là rien n’a été fait.

 

Une cité où les déplacés sont au qui vive

Aussi la cité de Kirumba, vit-elle des afflux massifs des déplacés de guerre fuyant les affrontements entre Mai Mai Tcheka et FDLR à l’Est du Territoire de Lubero et à l’Ouest de Walikale ainsi que d’autres faits insécuritaires encore enregistrés aux alentours de la cité. « Ces déplacés sont abandonnés à leurs triste sort. Nous ne savons plus quel est le travail des humanitaires ici lorsqu’ils ne savent pas assister ces déplacés », se plaint Joël Luholu, Chef de Cité de Kirumba. Toute fois il encourage les Forces Armées de la RDC à se lancer au démantèlement de tous les groupes armés pour permettre à la population de souffler, ainsi qu’elles l’ont fait pour le M23 et les ADF.

 

Deogratias KAKULE SIKU

Animateur Communication, Droits Humains et Bonne Gouvernance GADHOP

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