PROLIFERATION DES GROUPES ARMES A L’OUEST DU TERRITOIRE DE LUBERO

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COMMUNIQUE DE PRESSE DES ASSOCIATIONS MEMBRES DU GADHOP SUR LA PROLIFERATION DES GROUPES ARMES A L’OUEST DU TERRITOIRE DE LUBERO

Le Groupe d’Associations de Défense des Droits de l’Homme et de Paix « GADHOP » est préoccupé par la situation dans le Territoire de LUBERO, dans sa partie occidentale qui est le théâtre au quotidien des graves violations des droits humains et socio-économiques perpétrées par l’activisme des différents groupes armés nationaux et étrangers.

En effet, du Nord-Ouest au Sud-Ouest, plusieurs milices notamment des groupes Maï-Maï et FDLR pullulent dans la quasi-totalité des localités situées dans cette partie du Territoire de Lubero. Au Nord, à MAANGAMO, le long de la rivière LENDA, c’est le Quartier Général des Maï-Maï SIMBA de Paul SADALA Alias MORGAN. Ce groupe des Maï-Maï opère dans les localités riveraines de la LENDA et dans tous les villages environnants : EKULU, MAASANGE, MASIYE, LOMO, … et dans toutes les carrières d’Or et du Coltan. A l’Ouest dans les localités de MABUO, MAPENDANO, BUDUDIA et ISANGE, ce sont les bastions importants des Maï-Maï SIMBA de l’UPLD du commandant Jean Luc. Ce groupe Maï-Maï a son Quartier Général à TSOPO, Territoire de BAFWASENDE, s’est étendu sur le territoire de LUBERO en traversant la rivière LINDI, limite naturelle des deux Territoires.

Au Sud Ouest, les Maï-Maï PARECO et les FDLR règnent en maître dans différents sites miniers artisanaux d’Or et dans les localités telles que MUSIGHA, BUNYATENGE, MUHANGA, PITAKONGO, MBUGHAVINYWA, MIRIKI,… La présence permanente de ces milices dans ce coin du territoire de LUBERO a des incidences néfastes sur la vie socio économique des populations vivant dans cette contrée.

Les conséquences de l’occupation de la partie occidentale du territoire de LUBERO par les groupes armés sont :

Sur le plan social, l’activisme permanent des Maï-Maï et FDLR dans la partie Ouest du Territoire de LUBERO a changé le mode de vie de la population. Les violations des droits humains en répétition contre les populations civiles sont à l’origine d’une vie de résignation et de timidité généralisées car celles-ci sont victimes de la terreur perpétrée par des milices armées. Des traitements dégradants, inhumains et cruels dont sont victimes les populations expliquent la disparition des villages entiers et le dépeuplement d’autres. C’est par exemple des villages tels EKULU qui sont en voie d’extinction après l’assassinat dans la nuit du 12 au 13 Juin 2013 d’un commerçant du nom de CHERIF par les Maï-Maï de MORGAN. Les localités de MAANGE, théâtre d’un pillage systématique par les hommes toujours de MORGAN est en voie de disparition. La localité de MASIYE a été incendiée et un homme brulé vif par les hommes de MORGAN à LOMO ; ces deux localités riveraines de la rivière LENDA sont en voie de disparaitre.

Dans les localités de MABUO, MAPENDANO, BUDUDIA et ISANGE par contre ce sont les Maï-Maï de l’UPLD qui contrôlent ce secteur. Ils se disent pro-gouvernementaux par rapport à d’autres groupes armés actifs dans la partie occidentale. Paradoxalement à leur thèse d’être des Maï-Maï acquis au changement, les Maï-Maï de l’UPLD du Commandant Jean Luc torturent la population, violent les femmes, restreint la liberté de communication en organisant une surveillance des mouvements, soumettent la population à des travaux forcés, procèdent à des arrestations arbitraires, font payer des amendes exorbitantes évaluées presque toujours en or, …

Les populations congolaises de ces coins vivent le calvaire et sont toujours sous stress et cela chaque jour. Les FDLR présents dans la carrière de MAKUTANO et ceux des environs ont développé un réseau de commerce des produits manufacturés en échange de l’or ; bref, on dirait le troc dont la valeur des différents articles est fixée en fonction de l’Or.

Les Maï-Maï du PARECO du Commandant KAKULE SIKULI alias LAFONTAINE ont pour leur part leur Quartier Général basé à MUSIGHA et contrôlent les localités de MUSIGHA, BUNYATENGE, MUHANGA et tout le rayon de LUTUNGURU, importante zone minière aurifère du territoire de LUBERO. L’axe allant de BUNYATENGE à MIRIKI en passant par PITAKONGO, MBUGHAVINYWA et LUOFU est sous contrôle des Maï-Maï PARECO de LAFONTAINE et des FDLR. Les cas de braquage à l’arme des opérateurs miniers et des populations civiles en mouvement, des tortures, des pillages perpétrés dans les villages environnants sont signés par ces deux groupes armés.

Mode de rançonnement de la population

Dans ces coins, chaque groupe armé a développé sa méthode pour rançonner la population :

  1. Maï-Maï SIMBA de MORGAN : Ce groupe armé se distingue par le pillage systématique de tous ceux qu’ils trouvent à leur passage ; les commerçants, les creuseurs, les agriculteurs sont tous systématiquement pillés.
  2. Maï-Maï de l’UPLD de Jean Luc : Dans les villages, ce groupe armé qui se dit pro-gouvernemental est spécialisé dans le rançonnement avec la stratégie qu’ils appellent « pseudo restauration de l’autorité de l’Etat » dans la zone sous son contrôle. Malgré la présence de la Police Nationale dans le village de MABUO, BUDUDIA et ISANGE, les commandants Maï-Maï jouent les rôles d’OPJ à compétence générale. Des arrestations arbitraires suivies des amendes exorbitantes évaluées toujours en Or allant de 2 à plus de 20 grammes d’Or pour des infractions légères.

Aux commerçants, une taxe dite « effort de guerre » est versée au commandant des Maï-Maï chaque 15 du mois. Le président de la FEC de chaque centre de négoce se charge du recouvrement et de la collecte de ces fonds bon gré mal gré. Et cette taxe est évaluée à plus ou moins 200 mille Fc par village. Les milices vivants à la solde de la population chaque semaine ou soit 2 ou 3 fois la semaine procède à la collecte des vivres par ménage, et chaque ménage s’acquitte obligatoirement dans l’objectif de fournir de la nourriture aux miliciens. Une quantité estimée entre 5 et 10 Kgs de farine est recouvrée auprès de chaque ménage.

Dans les sites miniers : Les exploitants miniers ne sont pas épargnés de « l’effort de guerre ». Une somme évaluée en or et variant de 2 à 10 Gr d’or par exploitant doit être remise chaque 15 du mois. Un autre type de rançonnement dans les carrières, c’est la vente forcée des boissons fortement alcoolisées, du chanvre, de la cigarette, … aux creuseurs par les Maï-Maï.

  1. 3. Les Maï-Maï PARECO et FDLR : Dans les villages des zones qu’ils contrôlent, ces deux groupes armés se caractérisent par la récolte des produits champêtres contre la volonté des propriétaires des champs. De fois les Maï-Maï et les FDLR pillent également à leur passage des vaches, chèvres, porcs et autres produits vivriers.

Dans les carrières : Les modes de rançonnement de ces groupes armés dans les sites miniers artisanaux se résument par e prélèvement chaque le 15 du mois d’une quantité d’Or évaluée au 10ème du Gramme sur chaque creuseur œuvrant dans le coin. Dans la carrière d’Or de MUSIGHA dans le secteur de LUTUNGULU sous contrôle exclusif des Maï-Maï PARECO ; le commandant LAFONTAINE a droit à une part dans la production de chaque puits. Et l’exploitant titulaire du foyer minier qui croit fermement à une protection de la part des Maï-Maï doit verser une partie de la production comme caution garantissant la sécurité du site contre d’autres groupes armés.

Recommandations :

  • Que l’Etat Congolais déploie son autorité à travers l’appareil sécuritaire (FARDC, PNC et ANR) et administratif dans toute cette partie Ouest et Sud Ouest du Territoire de LUBERO afin de pourvoir à la sécurisation de cette population qui vit au quotidien l’état de guerre et cela depuis environ deux décennies ;
  • Que l’Etat Congolais et la MONUSCO initient un contrôle de démantèlement des circuits de trafic des armes et des minutions dans toutes les villes et les camps militaires de l’Est de la République Démocratique du Congo.

 

Fait à BUTEMBO, le 10 Juillet 2013

Pour le GADHOP

 

Moïse KAMBERE KAYITAMBYA

Secrétaire Permanent

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